Ce vendredi 24 juin, Jeanne-Marie Prost, présidente de l’Observatoire des délais de paiement, a remis comme chaque année au ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire son rapport sur les délais de paiement, basé sur l’année 2021. Nous l’avons épluché pour en faire ressortir les tendances 2021. Nous partageons aussi en fin d’article notre analyse sur ce qui nous attend en 2022.
Les retards de paiement interentreprises se sont stabilisés en 2021 pour atteindre 12,5 jours. Ils n’ont néanmoins pas encore retrouvé leur niveau d’avant crise. Cette stabilité est loin de refléter les différences entre types d’entreprises.
Si les délais de paiement moyens ont légèrement augmenté d’un point atteignant 49,3 jours, ils cachent en réalité une différence très importante entre types d’entreprises :
Le constat est le même côté retards de paiement. Ils sont de 12,5 jours au total pour l’année 2021 (-0,8). La répartition est bien différente :
Le comportement des grandes entreprises en matière de paiement est ainsi de plus en plus préoccupant. Si on approfondit l’analyse, on observe qu’elles cumulent trois points noirs :
Manifestement, l’appel l’an passé d’Alain Griset, alors Ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, à la responsabilisation n’a pas été entendu. Pour 2022, le message est toujours le même. "Il est essentiel que les grandes entreprises corrigent ces dysfonctionnements qui portent préjudice à la solidité de notre tissu économique", a expliqué Jeanne-Marie Prost. D’autant que ce problème récurrent pourrait facilement être résolu, “pourvu que [les grandes entreprises] en aient la volonté”.
Quelles sont alors les raisons qui les poussent à payer leurs fournisseurs aussi tard ? L’Observatoire et l’Association française des entreprises privées (Afep) se sont unis pour en savoir plus. Plusieurs explications ont été notées :
En raison d’un contexte fragile lié à la guerre en Ukraine, aux fortes difficultés d‘approvisionnement et d’un “retour à la normale” post crise sanitaire, les prévisions sont plutôt pessimistes.
L’étude d’Allianz Research envisage une augmentation de l’insolvabilité des entreprises pour 2022 et 2023. Ce qui a déjà été confirmé par le cabinet Altares et son analyse du 1er trimestre 2022. Il dénombre une hausse des défaillances de 34,6% par rapport au 1er trimestre 2021.
Le cabinet Arc vient de sortir une étude menée en collaboration avec l’Ifop dont les résultats sont plutôt alarmants. Ils ont interrogé 202 entreprises de plus de 50 salariés entre mai et juin 2022 au sujet de leurs intentions. 72% d’entre elles prévoient ainsi d’allonger les délais de paiement de leurs fournisseurs dans les prochains mois. L’objectif de cette décision : compenser leurs problèmes de trésorerie.
Difficile dans ce contexte d’imaginer une éclaircie. C’est pourquoi, l’Observatoire en appelle plus que jamais à “la responsabilité” de chacun. Tout comme Bruno Le Maire qui a rappelé que “la réduction des délais et retards de paiement est un levier important pour améliorer la trésorerie des PME et des ETI françaises dans un contexte économique particulièrement difficile. Les efforts importants engagés depuis 5 ans doivent se poursuivre, en particulier parmi les grandes entreprises, pour payer en temps et en heure.”