Défaillances d'entreprises en 2023 : 2ème hausse historique
Selon une étude Altares publiée le 18 janvier dernier, la France a connu une augmentation des défaillances d'entreprises de près de 36% en 2023 par rapport à 2022, avec 57.729 procédures ouvertes.
Le dernier trimestre 2023 est d’ailleurs l’un des pires depuis ces 30 dernières années avec 16.820 entreprises défaillantes.
Une explosion des faillites au niveau national
Cette hausse des défaillances d'entreprises en France de 35,8% (précisément) en 2023 fait déjà suite à une augmentation historique de 49% l'année précédente ! Elle est conforme aux prévisions d’Altares mais constitue néanmoins la deuxième plus rapide de l’histoire.
Il faut remonter aux années 1992/1993 pour trouver des évolutions aussi comparables. C’était l’époque où la France passait pour la première fois le cap des 60.000 faillites - cap passé à plusieurs reprises depuis, malheureusement.
Thierry Millon, directeur des études Altares, explique ces chiffres : “Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu.”
Et de citer : activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche…
Un “dangereux cocktail” pour des entreprises déjà affaiblies, avec une trésorerie en souffrance. Le secteur du BTP est particulièrement touché puisqu’il concentre à lui seul 24% des faillites. Les agences immobilières enregistrent elles la pire tendance : +116,7%.
Sans surprise, les TPE sont les premières à “trinquer”. Elles représentent 92% des jugements. Mais, il est à souligner également que les sociétés de taille plus conséquente ne sont par épargnées non plus. En 2023, 171 sociétés de plus de 100 salariés ont été défaillantes. C’est 80% de plus qu’en 2022 !
On peut citer notamment Go Sport France (cession en avril), Orpea (plan de sauvegarde en juillet), Naf Naf (redressement judiciaire en septembre), Minelli (redressement judiciaire en septembre), Habitat (liquidation en décembre).
Seule “note d’espoir” : ces données sont tout de même loin des référentiels de crises historiques.
Un rééchelonnement des PGE
Afin de préserver certaines entreprises, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé que les Prêts Garantis par l'État (PGE) pourront être rééchelonnés jusqu'à fin 2026. Ce type de prêt octroyé depuis 2020 suite à la crise du Covid a alourdi l’endettement de nombreuses entreprises. Certaines étaient même maintenues en vie artificiellement par ces aides.
Bon nombre de PME/TPE arrivent au bout de leurs capacités de résistance. La reprise des défaillances d'entreprises devrait donc se poursuivre en 2024, menaçant des centaines de milliers d'emplois.
Thierry Millon conclut : “Il est fondamental de se prémunir du risque de défaut de ses clients comme de ses fournisseurs stratégiques. Si les TPE sont les plus nombreuses à défaillir, 2023 a confirmé que les partenaires commerciaux PME et ETI sont, et devraient rester, également très exposés au risque.”